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Diary of Eve's land
 

Production 2023-2024


Grant supported by Allotment Travel Award Special thanks to Saudi Ethnographic Diary


// ENG
 

Diary of Eve's land is a video-installation project that describes, through 5 short films, the inner look of 5 Saudi women between and their daily struggles to balance the expectations of conservative society with their own personal aspirations. They are a divorced psychologist, a physician, a nursing student, a manager of an IT company and an immigrant online university student. Even though there are restrictions in their environment, each character confesses how she thinks about her life and profession as woman. Encounter with them brought me endless surprise and I discovered unknown aspects of this country such as anthropology, history and also daily life which are still hidden from our European and Asian perspective.


This work is including part of my diary of the encounters with Saudi females during my stays in Jeddah for 3 weeks between November and December 2023. This project has been selected by Travel Award Allotment from a Japanese foundation in 2023.

 

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It was Sally who first told me about the city of Jeddah in Saudi Arabia. I remember her telling me:
 

- It comes from جدة, Jaddah, the Arabic word for "grandmother" and also this name would come from the fact that Eve, considered the grandmother of Humanity, would be buried in Jeddah.
 

I met Sally in the spring of 2022, during her artist residency in Paris. Sally is a painter, as well as an architect, and works for a Saudi agency on an equal footing with her male colleagues. Sally then introduced me to her friends and one of her sisters. Zeina, Asmaa, Rouaa were graphic designers, psychiatrists... Their presence and vision of life shifted my preconceived ideas of this country. I also saw similarities with Japan, where I come from. What all these women had in common was that they came from Jeddah.
 

The starting point for my artistic work is events in my personal life, my intimate life even, including encounters. A conversation with Sally about marital pressures in Saudi Arabia reminds her of the similarities with Japan, particularly in terms of framed expectations about our roles and futures.
 

Sally once told me that her sister didn't want to return to Saudi Arabia. She had just obtained a PHD in psychiatry in the United States, and had a beautiful career ahead of her back home, but she felt she was too old to have any hope of finding a husband. It was a question I had also asked myself in 2013, the year I graduated from the École Supérieure des Beaux-arts in Montpellier. I replied:
 

- In Japan it's the same thing, at 33 you're an old maid! The best I can hope for over there is an old man or an idiot. And he would have asked me every day why I was still studying!



 

// FR

Diary of Eve’s land est un projet de vidéo-installation qui décrit, à travers 5 courts-métrages, le regard intérieur de femmes saoudiennes et leurs luttes au quotidien, pour équilibrer les attentes de la société conservatrice avec leurs propres aspirations personnelles. Il s'agit d'une psychologue divorcée, d'une médecine, d'une étudiante en soins infirmiers, d'un directeur d'une société informatique et d'une étudiante immigrée à l'université en ligne. Malgré les restrictions imposées par leur environnement, chaque personnage confie ce qu'il pense de sa vie et de sa profession dans sa propre manière. La rencontre avec elles m'a apporté une surprise infinie et j'ai découvert des aspects inconnus de ce pays, tels que l'anthropologie, l'histoire et la vie quotidienne, qui sont encore cachés de notre point de vue européen et asiatique. Il fait aussi partie de mon journal intime avec des rencontres avec des femmes saoudiennes pendant mes séjours à Djeddah pendant 3 semaines entre novembre et décembre 2023.

 

Ce projet a été sélectionné par le prix et la bourse de déplacement d’une fondation japonaise, le Travel Award Allotment en mai 2023. 

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C’est Sally, la première qui m’a parlé de la ville de Djeddah, en Arabie Saoudite. Je me souviens qu’elle m’ait dit :

-       Ça vient de جدة, Jaddah, le mot arabe pour "grand-mère" et aussi ce nom viendrait du fait qu’Ève, considérée comme la grand-mère de l'Humanité, serait enterrée à Djeddah. 

Je rencontrais Sally au printemps 2022, lors de son séjour à Paris, pendant sa résidence d'artiste. Sally est peintre, elle est aussi architecte, et travaille pour une agence saoudienne côtoyant sur un pied d’égalité ses collègues masculins. Sally me fit ensuite rencontrer ses amies et puis une de ses sœurs. Zeina, Asmaa, Rouaa étaient graphistes, psychiatres... Leurs présences et la vision qu’elles avaient de la vie déplaçaient les idées préconçues que j’avais de ce pays. J’y voyais aussi des similitudes avec le Japon dont je viens. Toutes ces femmes avaient pour point commun de venir de Djeddah. 

Mon travail artistique a pour point de départ des événements qui touchent ma vie personnelle, ma vie intime même, notamment des rencontres. Une conversation avec Sally sur les pressions matrimoniales en Arabie Saoudite lui rappelle les similitudes avec le Japon, notamment en ce qui concerne des attentes encadrées concernant nos rôles et notre avenir.

Sally me dit un jour que sa sœur ne souhaitait pas revenir en Arabie Saoudite. Elle venait d’obtenir un doctorat de psychiatrie aux États-Unis, et avait une belle carrière devant elle dans son pays, mais elle se trouvait trop âgée pour pouvoir espérer trouver un mari. C’était une question que je m’étais posée moi aussi en 2013, l’année de mon diplôme à l’École Supérieure des Beaux-arts de Montpellier. Je lui avais alors répondu :

-   Au Japon c’est la même chose, à 33 ans tu es une vieille fille ! Le mieux que j’aurai  pû espérer là-bas, c’est un vieillard ou un idiot. Et il m’aurait demandé tous les jours pourquoi je suis encore aux études !

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